RĂ©solution de conflit

Leçon 2 : Conversations cruciales

Introduction

Dans la premiÚre leçon, vous avez appris quels sont les différents types de gestion de conflit et dans quelles circonstances vous devez choisir chaque type. Certains types de gestion nécessitent de plus grandes compétences en matiÚre de dialogue que d'autres. Dans cette leçon, vous apprendrez les compétences à apporter aux conversations cruciales souvent nécessaires dans le style de gestion collaborative de conflits.

Les enseignements de cette leçon sont tirĂ©s du livre Conversations cruciales – Des outils pour s'exprimer quand les enjeux sont de taille. Votre iRep vous remettra le livre complet Ă  chacun d’entre vous. Cette leçon est un aperçu du livre.

 

Objectifs de la leçon

  • Comprendre les Ă©lĂ©ments d'une conversation cruciale
  • Pratiquer vos compĂ©tences pour mener une conversation cruciale

 

Qu'est-ce qu'une conversation cruciale?

Une confrontation qu'il faut gérer avec précaution. Ces conversations ont lieu tous les jours que ce soit lors de réunions ou dans de simples échanges quotidiens. Elles sont cruciales car elles impactent votre vie et comportent toujours trois ingrédients :

  • Des opinions qui varient
  • Des enjeux Ă©levĂ©s
  • Des Ă©motions fortes

Exemples:

  • Mettre fin Ă  une relation
  • Parler Ă  un collĂšgue qui se comporte de maniĂšre blessante
  • Demander Ă  un ami de rembourser un prĂȘt
  • Donner Ă  votre patron des commentaires sur son comportement
  • Critiquer le travail d'un collĂšgue
  • Aborder quelqu'un qui enfreint la politique
  • Dire Ă  un bĂ©nĂ©vole qu'il ne peut plus ĂȘtre leader
  • Parler Ă  un membre de l'Ă©quipe qui ne respecte pas ses engagements
  • Donner une mauvaise Ă©valuation des performances
  • Qu'ajouterais-tu Ă  cette liste ?

 

Une conversation cruciale peut avoir lieu au milieu d'une réunion lorsque celle-ci devient tendue et qu'il y a des opinions divergentes ou il peut s'agir d'une conversation que vous avez planifiée.

​ La conversation cruciale est le dialogue. Si l’échange est un succĂšs, toutes les parties se sentiront en sĂ©curitĂ© pour engager le dialogue et crĂ©er un pool d’informations partagĂ©es !

Que faisons-nous habituellement lorsque nous avons une conversation cruciale?

  • Nous Ă©vitons la conversation
  • Nous y faisons face, mais nous la gĂ©rons mal
  • Nous y faisons face et nous la gĂ©rons de la bonne façon

Pourquoi est-il important d’ĂȘtre capable de gĂ©rer des conversations cruciales ?

  • Cela vous permet d’amĂ©liorer vos compĂ©tences de travail et de collaboration en tant qu'individu et en Ă©quipe.
  • Cela vous aide Ă  mieux gĂ©rer votre organisation – Ă  Ă©conomiser du temps, de l'argent et des ressources.
  • Cela apporte plus d’unitĂ© dans votre Ă©quipe !
Faites une pause et réfléchissez (temps personnel):

Maintenant que vous savez ce qu'est une conversation cruciale, réfléchissez à la maniÚre dont s'est déroulée une conversation récente.

  • Qui Ă©tait concernĂ© ?
  • Quelles Ă©taient les opinions divergentes ?
  • Quelles ont Ă©tĂ© vos Ă©motions fortes – Ă©tait-ce les vĂŽtres uniquement ?
  • Quels Ă©taient les enjeux majeurs ?
  • Comment avez-vous prĂ©parĂ© la conversation ?
  • Comment s'est dĂ©roulĂ©e la conversation ?
  • Quel a Ă©tĂ© le rĂ©sultat de la conversation ?

Alors que nous poursuivons cette leçon, gardez cette conversation à l'esprit ainsi que celle sur laquelle vous souhaitez travailler (voir Mise en pratique de la leçon 1).

Pause et réflexion : la culture compte ! (20 min)

Le cadre dans lequel nous grandissons – nos familles, notre pays d'origine, notre gĂ©nĂ©ration, notre religion, notre scolaritĂ©, notre culture – a un impact sur la façon dont nous gĂ©rons les conversations cruciales. Bien que les compĂ©tences que nous acquĂ©rons au cours de ces sĂ©ances puissent ĂȘtre appliquĂ©es Ă  tous les aspects de notre vie, nous nous concentrons sur nos responsabilitĂ©s au sein de Young Life. Alors que vous lisez la leçon, rĂ©flĂ©chissez Ă  l'impact de la culture dans les conversations cruciales.

Étapes d’une conversation cruciale

L'image ci-dessous vous guidera à travers les étapes d'une conversation cruciale. Elle est divisée en 3 parties : avant, pendant et aprÚs.

AVANT la conversation – c’est la partie la plus importante du travail que nous devons faire !

La résolution de conflit commence avec moi !

Quelle est la conversation que vous souhaitez vraiment avoir ?

  • Qu'est-ce que je veux vraiment pour moi ?
  • Qu'est-ce que je veux vraiment pour les autres ?
  • Qu'est-ce que je veux vraiment pour la relation ?
  • Comment dois-je me comporter si c'est ce que je veux vraiment ?

Commencez par le cƓur (cƓur = motivation, intention) Ces questions vous aident Ă  vous concentrer sur des rĂ©sultats sains Ă  long terme, plutĂŽt que sur des rĂ©sultats Ă©goĂŻstes Ă  court terme.

  • Soyez clair sur vos objectifs : mon comportement correspond-il Ă  mes motivations ?
  • PrĂ©cisez vos objectifs si nĂ©cessaire.
  • Évitez les partis pris insensĂ©s : il n'y a qu'une seule solution Ă  un dĂ©fi. Soyez prĂȘt Ă  collaborer avec les autres plutĂŽt que de rivaliser, vous accommoder ou de faire des compromis.

MaĂźtriser mes histoires

Une "histoire" est notre façon de justifier ce qui se passe et de donner notre propre interprĂ©tation aux faits. MaĂźtriser mes histoires signifie "prendre le contrĂŽle de mes histoires afin qu'elles ne prennent pas le contrĂŽle sur moi". C'est la clĂ© pour empĂȘcher les Ă©motions fortes de prendre le contrĂŽle d'une conversation cruciale.

Les Ă©tapes de l’action:

Si nous avons le temps de nous prĂ©parer avant une conversation, rĂ©alisons que l'histoire que nous nous racontons nous prĂ©pare Ă  cette conversation. MĂȘme si l'histoire que nous nous racontons est vraie, nous devons laisser les faits conduire la conversation afin de contrĂŽler nos Ă©motions dans une conversation.

Histoires que nous nous racontons de façon générale :

  • Histoire "de la victime" : ce n'est pas de ma faute
  • Histoire "du mĂ©chant" : c'est de ta faute
  • Histoire "du dĂ©sespĂ©rĂ©" : je ne peux absolument rien faire

Nous nous racontons si vite des histoires que nous nous en rendons Ă  peine compte. Si nous sentons nos Ă©motions prendre le dessus, nous pouvons faire marche arriĂšre pour nous aider Ă  revenir aux faits et Ă  rester sur la bonne voie dans la conversation que nous souhaitons vraiment avoir !

Pour dĂ©mĂȘler les histoires et comprendre nos actions, nous devons travailler Ă  l’envers :

  • Agir : examinez votre comportement. Demandez-vous : comment est-ce que j'agis — au travers du silence ou de la violence ?
  • Ressentir : identifiez vos sentiments. Demandez-vous : quelles Ă©motions me poussent Ă  agir de cette façon ?
  • Raconter une histoire : remettez en question vos histoires. Quelle histoire crĂ©e ces Ă©motions ?
  • Voir/Écouter : analysez les faits. Quelles preuves observables (qui peuvent ĂȘtre vues/entendues) ai-je pour appuyer cette histoire ?
Pause et réflexion :

Réfléchissez à la conversation que vous souhaitez avoir lorsque vous serez de retour à la maison :

  • Quelle est la conversation que vous souhaitez vraiment avoir ?
  • Quelle est la raison de cette conversation ? Est-ce la bonne raison Ă  long terme ? Si non, quelle est la bonne raison ?
  • Quelles histoires pourriez-vous vous raconter Ă  propos de la situation ? Quels sont les faits ?

Posez-vous ces mĂȘmes questions lorsque vous vous prĂ©parez Ă  toute conversation cruciale :

  • Quelle est la conversation que vous souhaitez vraiment avoir ?
  • Quelle est la raison de cette conversation ? Est-ce la bonne raison Ă  long terme ?
  • Quelles histoires pourriez-vous vous raconter Ă  propos de la situation ? Quels sont les faits ?
Écoutons comment Rosa se prĂ©pare avant une conversation difficile:
DialoGue

Maintenant que votre cƓur et vos motivations sont clairs, vous ĂȘtes prĂȘt Ă  dialoguer avec les autres. Votre objectif dans le dialogue est de maintenir un respect mutuel les uns envers les autres, de partager votre chemin, d'Ă©couter les chemins des autres et de parvenir Ă  un objectif commun.

Maintenir la sécurité:

Il est possible qu’au cours de la conversation, vous ou d’autres personnes impliquĂ©es se sentent en danger, ce qui entraĂźnerait une perte de respect mutuel. Vous ne pouvez pas poursuivre la conversation tant que vous n'avez pas rĂ©tabli un climat de sĂ©curitĂ© pour tous. Pendant votre conversation, soyez Ă  l'affĂ»t des signes indiquant que quelqu'un ne se sent pas en sĂ©curitĂ© (y compris vous-mĂȘme). Lorsque les gens ne se sentent pas en sĂ©curitĂ©, ils rĂ©agissent gĂ©nĂ©ralement de deux maniĂšres:

  • Par la violence : ils haussent le ton, ont une attitude dĂ©fensive, font des commentaires cruels et sarcastiques.
  • Par le silence : ils arrĂȘtent de parler puis quittent la piĂšce.

Si vous voyez l'un de ces signes chez vous ou chez d'autres personnes, faites une pause pour retrouver un climat sécuritaire, le respect et votre objectif commun.

  • DĂ©terminez ce qui comporte un risque.
    -Objectif commun : les autres pensent-ils que vous vous souciez de leurs objectifs dans cette conversation ? Respectent-ils vos propres objectifs ?
    -Respect mutuel : les autres croient-ils que vous les respectez ?
  • Excusez-vous si c’est nĂ©cessaire
  • Utilisez la technique du contraste pour rassurer votre interlocuteur. Il s’agit dans un premier temps d’expliquer que ce qu’il semble craindre n’est pas votre intention, puis de prĂ©ciser quelles sont vos intentions. (NDT)
    -Je ne veux pas

    -Je veux

  • CrĂ©er un objectif commun.
    - S'engager Ă  rechercher un objectif commun
    - Reconnaßtre le but derriÚre la stratégie
    - Inventer un objectif commun
    - Réfléchir à de nouvelles stratégies.

Commencer votre conversation avec un objectif commun (le véritable but de votre conversation) vous aidera à établir le véritable objectif de votre conversation et vous permettra d'y revenir pour maintenir un climat de sécurité.

DÉFINIR mon chemin:

Lorsque vous commencez Ă  partager votre point de vue, vous pouvez utiliser le mĂȘme chemin d'action en vous rĂ©fĂ©rent aux histoires ci-dessus. Cela permet de s’en tenir Ă  des faits plutĂŽt que d'aller de l'avant et d’ĂȘtre victime de nos Ă©motions. Ce processus s’épelle STATE : (Acronyme anglais composĂ© des mots : Share -Tell - Ask -Talk- Encourage)

  • Partagez les faits : commencez par l'Ă©lĂ©ment le moins controversĂ© et le plus convaincant de votre chemin vers l'action.
  • Racontez votre histoire : ce que vous vous dites, le sens que vous donnez Ă  tout cela, vos sentiments
  • Demandez/encouragez les autres Ă  partager leur histoire
  • Exprimez-vous sous forme d’hypothĂšses plutĂŽt que de certitudes : prĂ©sentez votre histoire comme une histoire – ne la dĂ©guisez pas en un fait rĂ©el
  • Encouragez les tests​ : permettez aux autres d'exprimer en toute sĂ©curitĂ© des opinions diffĂ©rentes, voire opposĂ©es.
Mettez-vous par deux et partagez:

tournez-vous vers la personne à cÎté de vous et partagez une chose qui vous vient à l'esprit si vous en savez plus sur le dialogue. Vous pouvez partager une anecdote drÎle, un doute, une question ou quelque chose que vous souhaitez faire de retour à la maison.

Explorez les chemins des autres:

Dans le processus ci-dessus, nous explorons les chemins des autres, mais il est possible que certaines personnes soient des moulins à paroles ou au contraire ne disent rien. Voici quelques suggestions si l’autre personne ne s’engage pas dans le dialogue :

  • Demandez : commencez simplement par exprimer votre intĂ©rĂȘt pour le point de vue de l'autre personne.
    -"Que penses-tu/ressens-tu ?"
    -"Dis-m’en plus"
  • Le miroir : augmentez le sentiment de sĂ©curitĂ© en reconnaissant les Ă©motions que les gens semblent ressentir.
  • Paraphrasez : pendant que d'autres personnes partagent leurs histoires, reformulez ce que vous avez entendu pour montrer que vous comprenez ce qu’ils ont partagĂ© et qu'ils peuvent parler en toute sĂ©curitĂ©.
    - "Dis-m’en plus"
    - "Ce que je t’entends dire, c'est
"
  • Amorcez le dialogue : si les autres ne parlent toujours pas, amorcez la conversation. Devinez au mieux ce qu'ils pensent et ressentent.

Alors que vous partagez tous deux vos points de vue, n’oubliez pas les points suivants :

  • Accepter de partager des points de vue diffĂ©rents.
  • Construire : si d'autres personnes oublient quelque chose, mettez-vous d’accord lorsque vous partagez vos points de vue, puis construisez.
  • Comparez : lorsque vous ĂȘtes en rĂ©el dĂ©saccord, ne concluez pas que les autres ont tort. Comparez vos deux points de vue.

 

APRÈS : Les résultats

Le pool commun d’informations partagĂ©es ne restera qu’un pool si deux compĂ©tences supplĂ©mentaires ne sont pas mises en place. Ces compĂ©tences sont la dĂ©cision et l'action. Le dialogue seul n'est pas la solution.

Prise de décision:

Selon la situation, il existe différentes maniÚres de prendre une décision:

  • Commander – les dĂ©cisions sont prises sans impliquer les autres.
  • Consulter – les commentaires sont recueillis auprĂšs du groupe, puis un sous-ensemble de dĂ©cisions est pris.
  • Voter – un pourcentage de voix convenu Ă  l’avance fait basculer la dĂ©cision.
  • Consensus – l’ensemble des personnes parviennent Ă  un accord et approuvent la dĂ©cision finale.

Déterminer la méthode de prise de décision :

  • Qui s'en soucie ?
  • Qui sait ?
  • Qui doit ĂȘtre d'accord ?
  • Combien de personnes cela vaut-il la peine d'impliquer ?

Action : DĂ©terminez qui fait quoi et quand. Effectuez un suivi !

Faites une pause & réfléchissez:

Waouh ! Il y avait beaucoup d’informations. Il y a tellement de choses qui entrent en compte dans une conversation cruciale. Prenez un moment et rĂ©flĂ©chissez aux questions ci-dessous :

  • Qu’avez-vous entendu qui vous a aidĂ© ?
  • Qu'avez-vous entendu que vous devez Ă©tudier davantage pour comprendre ? Quelles parties du livre devez-vous approfondir ? ​
  • Sur quels points pensez-vous que vous devez travailler le plus ?

L'apprentissage de ces compĂ©tences demande beaucoup de pratique. Plus vous le ferez, plus vous renforcerez vos compĂ©tences de conversation. Dans ce processus vous ferez peut-ĂȘtre face Ă  des Ă©checs. Soyez indulgent envers vous-mĂȘme !

Mise en pratiquE
  • RĂ©flĂ©chissez Ă  la conversation que vous souhaitez avoir en rentrant chez vous. Comment allez-vous vous y prĂ©parer aprĂšs avoir acquis de nouvelles compĂ©tences dans cette leçon ?